FORUM HISPANO MAROCAINPOUR LA MEMOIRE COMMUNE ET L’AVENIR
APPEL POUR UN FORUM HISPANO MAROCAIN
POUR
Communication faite à l’occasion du colloque international sur le thème : « Mémoire et droits humains : enjeux et perspectives », ayant eu lieu à Genève, au Palais des Nations Unies, les 23 et 24 novembre 2006.
Assurément le thème « Mémoire et droits humains : enjeux et perspectives », retenu par les organisateurs de ce colloque international est fort important. Les différentes communications prévues au programme sont tout aussi importantes et intéressantes. Cependant, les participants risques d’être frustrés, car la question de la « mémoire et des droits humains » ne saurait être réduite au problème de l’esclavage, ni au rapports entre l’homme blanc et l’homme noir. Ce qui est sûr c’est que le présent colloque sera loin de clore le sujet.
Les crimes et atteintes aux droits de l’homme peuvent être distingués selon plusieurs catégories : Il y a ceux qui sont connus, comme c’est le cas de l’esclavage, il y a ceux qui le sont moins et il y a ceux qui ne sont pas du tout connus et ont été ignorés car gardés longtemps durant secrets.
Or, je voudrais vous entretenir justement de crimes ignorés. Aujourd’hui, tous ceux ici présents savent pour quelles raisons Sadam Hussein, le président irakien déchu, est jugé. Il est jugé, notamment, pour avoir utilisé des armes chimiques de destruction massive contre le peuple Kurde. Mais combien de personnes savent que l’Espagne et
Le plus grave, dans tout cela, c’est que les héritiers des victimes d’hier continuent encore aujourd’hui de souffrir des effets et séquelles consécutives à l’utilisation de ces mêmes armes chimiques de destruction massive. Car, il se trouve que ces armes chimiques ont des effets cancérigènes et mutagènes. Plusieurs experts et généticiens, telle que le professeur Christine Gosdène, titulaire de la chaire de médecine génétique de l’Université de Liverpool, qui a travaillé sur le cas irakien de Halabja, ont pu démontrer que plusieurs générations après une mutation s’observe dans les gènes des individus. C’est ainsi qu’il n’y a pas une famille dans le Rif n’ayant pas un parent atteint de cancer, notamment du larynx. A tel point que 80 % des personnes atteintes de cancer qui se font soigner à Rabat, la capitale du Maroc, proviennent du Rif. Or, ils vont à Rabat car c’est le seul endroit où ils peuvent se faire soigner. Mais, quant on sait que le Rif est une région pauvre et marginalisée, combien peuvent se permettre de se déplacer et résider à Rabat pour se faire soigner ?
Mais, encore, qu’en est-il exactement de ces armes chimiques de destruction massive et pourquoi est ce un crime contre l’humanité que de les avoir utilisé ? Longtemps durant, des euphémismes ont été utilisés pour qualifier ces armes : « bombes X », bombes spéciales », « gaz toxique ». Il s’agit en fait d’ypérite (gaz moutarde), de chloropicrine et de phosgène. La qualification d’usage actuelle de ces armes est celle d’armes chimiques de destruction massive. Ces armes se trouvent avoir été interdites. Déjà à la fin du 19e siècle, la première conférence de
Ainsi, le droit international à partir de la fin de la première guerre mondiale a interdit l’usage de certaines armes dites non conventionnelles. Il en est ainsi des armes chimiques et biologiques de destruction massive. Du point de vue légal, la production, la vente, l’utilisation ou même le stockage des armes chimiques de destruction massive sont strictement prohibés par le droit international public.
Il est indéniable qu’à travers la guerre chimique contre le Rif, il y a eu une violation caractérisée des préceptes essentiels du droit international public et du droit international humanitaire. Il s’agit d’un crime contre l’humanité, doublé d’un génocide exercé contre un peuple libre de paysans. Or par définition, les crimes contre l’humanité sont des crimes imprescriptibles. Pourtant, cela n’a pas empêché l’Espagne et
Ce n’est que ces dernières années, grâce au travail d’historiens, suite à l’ouverture des archives espagnoles et françaises que tous ces crimes contre l’humanité sont apparus. Après moult difficultés, nous avons pu tenir, au Maroc même, un colloque sur le thème de la guerre chimique contre le Rif. Ensuite, un travail s’est fait avec des députés catalans qui nous soutiennent. Un texte publié au bulletin officiel des Cortès est déposé au parlement espagnol qui devrait être discuté et qui comporte une reconnaissance officielle, une condamnation et des mesures de réparation.
Ce sont pour ces raisons et pour bien d’autres que nous faisons appel à la tenue d’un colloque international sur le même thème général que celui d’aujourd’hui à savoir « Mémoire et droits humains » qui permettrait de débattre et de rendre compte des effets pervers et néfastes multiples et encore actuels du passé de l’Etat colonial espagnol au Maroc, selon la plate forme introductive qui vous a été distribuée. Mais pas seulement un colloque pour tenir un colloque. Puisque le but de ce symposium qui a déjà reçu un accord de principe serait également l’occasion de penser et de construire un Forum hispano marocain pour la mémoire commune et l’avenir.
A découvrir aussi
- LA GUERRE CHIMIQUE CONTRE LE RIF, AUX CORTES
- LA GUERRE CHIMIQUE ET LE RIF ENTRE LE DROIT INTERNATIONAL ET LES DROITS DE L'HOMME
- POUR DES REVENDICATIONS, AUX FINS DE REPARATIONS, POUR LES PREJUDICES SUBIS SUITE A L’UTILISATION D’ARMES CHIMIQUES DE DESTRUCTIONS MASSIVES DANS LE RIF
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 46 autres membres